41. Monastère de la Visitation Sainte-Marie

Construction :  The Elms 1864-1865 | Monastère : 1910-1913

Architectes :  Sidney Bowles Fripp (1823-1870) | Monastère : Inconnu

Emplacement :  114, chemin Richmond | 88, 98 et 108, chemin Richmond,  Ottawa

 

En 1910, les Sœurs de la Visitation Sainte-Marie, un ordre cloîtré fondé à Annecy (France) en 1610, achète un domaine de 5,2 acres au 114, chemin Richmond dans Ottawa-Ouest. La mère supérieure Marguerite Marie de Viry et sept autres religieuses venues de France se sont logées dans la villa « The Elms »  (1865) qui se trouvait sur le terrain, jusqu’à ce que le monastère soit achevé.

The Elms, une villa en pierre de style néogothique, œuvre de l’architecte ottavien d’origine britannique Sidney Bowles Fripp (1823-1870) faisait trois étages, avec des ailes en rayons partant d’un hall d’escalier central. Elle avait été construite pour le marchand de quincaillerie d’Ottawa James Dyke. La maison sera par la suite habitée par le sénateur et industriel James Skead (fondateur de la localité de Skead’s Mills, aujourd’hui Westboro), qui y mourra en 1884.

Le monastère de la Visitation Sainte-Marie a été construit entre 1910 et 1913 par les entrepreneurs d’Ottawa Poirier et fils. Le monastère était structuré selon un plan médiéval, avec une église monastique dans le coin nord-ouest. L’architecte (inconnu) l’avait fait dans le style classique français, avec un intérieur néogothique. Une cour cloîtrée attenante était entourée par des ailes de deux étages et demi en pierre et à toit en croupe d’un sobre style géorgien, abritant infirmerie, secteur de soins palliatifs, bureau de la mère supérieure, réfectoire, cuisine, chambres à coucher des religieuses et locaux de travail.

Le terrain du monastère était lui-même entouré d’un haut mur en pierre matérialisant la clôture papale voulue par les religieuses. Celles-ci respectaient la règle de strict isolement de leur ordre contemplatif.

L’effectif en baisse a contraint les Sœurs de la Visitation à mettre la propriété en vente en août 2009 (il n’y restait alors que huit religieuses). L’inscription immobilière précisait l’importance patrimoniale du monastère, mais les religieuses ont fait enlever les fresques sur toile de l’église (créées en 1932 par l’artiste montréalais Toussaint-Xénophon Renaud) et les ont envoyées à la maison mère de l’ordre en France. Des décorations au pochoir ont aussi été démontées, et envoyées à d’autres monastères de l’ordre.

Compte tenu de l’histoire particulière de la propriété, des voisins ont immédiatement milité en faveur d’une désignation patrimoniale. En 2009, le personnel municipal a rédigé des lignes directrices indiquant que toute nouvelle construction devait être compatible avec le monastère historique et conserver autant que possible les arbres matures et l’aménagement paysager.

La propriété sera vendue au groupe Ashcroft Homes à l’automne 2009. En février 2010, l’entreprise dévoile un projet prévoyant plus de 700 unités, avec des immeubles à usage mixte de 5 à 12 étages. En font partie des condominiums, un hôtel et des résidences de retraite pour aînés. Ashcroft manifeste son intérêt à fournir un espace communautaire dans le cadre d’une réutilisation adaptée du monastère.

Le Comité consultatif sur le patrimoine bâti d’Ottawa (l’ancien CCLCA) recommande la désignation du monastère en mars 2010. Ashcroft Homes présente une objection auprès de la Commission des biens culturels, s’opposant à l’inclusion du terrain. David Jeanes, soutenu par Patrimoine Ottawa, réclame pour sa part la reconnaissance de l’architecte Sidney Bowles Fripp, qui vient d’être identifié, ainsi que des énoncés plus forts au sujet des valeurs associatives liées aux occupants de la villa The Elms.

Le changement à la désignation, sanctionné par le conseil municipal le 9 novembre 2010, assure la protection du monastère lui-même, du paysagement l’entourant immédiatement, d’un sentier arboré et du paysagement du périmètre. Le monastère et des parties du terrain seront officiellement désignés en vertu de la partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario en 2012.

La première phase du projet d’Ashcroft, appelée Q West et signée par le cabinet d’architectes Roderick Lahey, sera largement achevée en 2014. Le complexe de condominiums formé par quatre immeubles accolés (88, 98 et 108, chemin Richmond), tous de 9 étages, constitue un mur ininterrompu le long du côté sud du chemin Richmond. Seules, deux portes cochères signalent l’ancien monastère.

Un « sentier des sœurs » reliant une des portes cochères au côté est du monastère a été terminé à temps pour l’accueil de visiteurs en 2011. Ashcroft a mené à bien des travaux de stabilisation et de réfection de la maçonnerie extérieure de l’immeuble, mais celui-ci attend toujours d’être restauré et utilisé.