2. L’édifice de l’Est, la Colline du Parlement

Construction : 1859 à 1865

Architectes : Thomas Stent et Augustus Laver

Emplacement : La Colline du Parliament, rue Wellington, Ottawa

 

L’édifice de l’Est du Parlement, ou Édifice administratif de l’Est, est un exemple admirable du style néogothique de l’apogée victorienne. Œuvre des architectes d’origine britannique Thomas Stent et Augustus Laver, tous deux établis à Ottawa, il a été conçu de façon à faire partie intégrante d’un ensemble d’immeubles gouvernementaux des provinces unies – par la suite le Canada – comprenant l’édifice du Centre, l’édifice de l’Ouest et la Bibliothèque du Parlement.

Campé sur un site d’une beauté saisissante surplombant les écluses du canal Rideau et la rivière des Outaouais, l’édifice se distingue par son volume asymétrique, sa silhouette dominée par des tours, ses surfaces de pierre présentant un aspect coloré et richement texturé, et son ornementation gothique. Le faîtage et les pinacles de fer sont des éléments essentiels de son concept esthétique.

L’édifice de l’Est a été construit par Jones, Haycock & Company entre 1860 et 1865. Une annexe y a été ajoutée entre 1910 et 1913.

Tout comme l’édifice de l’Ouest, l’édifice de l’Est était destiné à abriter la fonction publique du nouveau Dominion. Au fil des ans, il a été occupé par le premier ministre, le Conseil privé et divers ministères.

Le 20 mars 1964, son principal locataire, le ministère des Affaires extérieures, a annoncé qu’il allait déménager et que l’intérieur d’origine de l’immeuble serait réaménagé de la même façon que celui de l’édifice de l’Ouest. D’autres préconisaient qu’il soit démoli et remplacé par un immeuble moderne.

En 1966, le premier ministre Lester Pearson, convaincu de la valeur de l’édifice comme trésor national, a autorisé des travaux de restauration de portée limitée. La démolition était écartée.

Une fois ces travaux terminés, en août 1967, l’édifice de l’Est a été ouvert au public. Le comité du patrimoine de l’organisme La capitale des Canadiens (qui deviendrait plus tard Patrimoine Ottawa) y organisait des visites du bureau du premier ministre et de la salle du Conseil privé.

Également en 1967, R.A.J. (Bob) Phillips, président de La capitale des Canadiens, a publié un historique détaillé de l’immeuble, The East Block of the Parliament Buildings of Canada.

D’autres travaux de restauration ont été réalisés à la fin des années 1970, et l’édifice de l’Est a été rouvert en 1981 à l’intention des députés, des sénateurs et du personnel parlementaire

Se remémorant le combat mené pour sauver l’édifice, Bob Phillips a écrit ceci dans le numéro de décembre 1981 d’Ottawa Magazine :

« L’édifice est généralement reconnu comme l’immeuble le plus historique au Canada, la seule structure de la Colline du Parlement qui survit plus ou moins intacte depuis avant la Confédération. À une exception près, chaque premier ministre de Macdonald à Trudeau y a eu son bureau. Dans sa salle du Conseil privé plus qu’en tout autre endroit, des décisions déterminantes pour l’avenir du Canada y ont été prises pendant plus d’un siècle.

« C’est incroyable, mais il a été menacé. Même si le gouvernement n’avait pas l’intention de céder aux avis les plus saugrenus réclamant son remplacement par une tour de verre et de métal “exprimant notre époque”, il restait une possibilité qu’il serait éviscéré comme l’avait été l’édifice de l’Ouest au début des années 1960. Il aurait pu être vidé de son caractère et de son histoire pour devenir un immeuble de bureaux très ordinaire et dispendieux. »

L’avenir de l’édifice de l’Est a finalement été assuré en 1983 lorsqu’il a été désigné édifice fédéral à valeur patrimoniale classé, en partie grâce à l’activisme de Patrimoine Ottawa.

La campagne de sensibilisation et de revendication entreprise en 1967 pour sauver l’édifice s’est poursuivie presque 14 ans. L’édifice de l’Est est maintenant considéré comme le plus intact de tous les immeubles du patrimoine sur la Colline du Parlement, avec la Bibliothèque du Parlement.

Cinquante ans plus tard, Patrimoine Ottawa estime que la lutte pour la préservation de l’édifice de l’Est est une des actions les plus importantes qu’elle ait menées.